Il m’a touché, ce reportage à la télé sur les usines qui fabriquent des bébés, avec le titre surprenant « Snowflakes in me », ou Flocons de neige à l’intérieur de moi. C’est avec consternation et interrogation que j’ai vu cette émission sur la vie d’une clinique qui soignent l’infertilité aux Etats Unis d’Amérique. Reportage qui parle également du commerce qui va de paire avec leur travail. J’ai vu les entretiens avec les femmes qui racontent le chemin parcouru du désir d’enfants à la douleureuse réalité des FIV et des autres techniques qui sont mises en place pour les faire tomber enceintes. De nos jours, il semblerait qu’on puisse fabriquer la maternité. Et pourtant, je crois bien que le taux de réussite des FIV est de 15% à chaque tentative. Et par la suite, il y a d’autres choses qui se passent. Je ne sais pas si ça va vers le mieux, ou si c’est plutôt un chemin vers le pire, cela dépend du point de vue de chacun. Le chemin vers d’autres techniques, et vers l’utilisation de donneurs de sperme et d’ovocytes.
ET si elle se taisait…
Beaucoup de personnes ont peut-être envie de me faire taire à ce stade de mon histoire. Parce que pour la mère de 3 enfants que je suis, il est facile d’écrire tout cela, puisque je les ai eus très facilement. Et parce que j’ai eu 3 superbes enfants, et que mon corps, même après une stérilisation a réussi à refaire un embryon. Cette grossesse extra-utérine m’a bien confuse à ce moment-là, mais ce petit n’est pas allé plus loin que ma trompe gauche, et même si cet enfant avait gagné une place dans mon coeur, je n’ai pas eu à le mettre au monde. Car la maternité a ses limites. Si mon coeur de mère est immense, dans le fond, je croyais que 3 gosses suffisaient largement.
Mais retournons à nos moutons, ou plutôt au documentaire Américain. Toutes les limites y sont dépassées, les limites qui vont du désir d’enfant au sentiment d’avoir le droit d’être parent, les limites de ce que la science peut fabriquer.
Ce qui m’a le plus marquée, c’est que personne, vraiment personne dans ce film se pose la question de ce que seraient les conséquences pour les enfants qui sont nés de cette fabrication artificielle, de ces congélateurs, de ces laboratoires.
Il y avait un genre de fièvre qui dit « on va réussir, fièvre qui se transforme en OBLIGATION de réussite, et qui efface toutes les limites.
Faisabilité = bonheur ?
Il y a des sociétés qui font leur commerce de cette faisabilité. Et qui donnent à des jeunes femmes la possibilité de faire des dons d’ovocytes aux femmes qui ne peuvent pas en fabriquer elles-mêmes. Sans qu’on regarde la cause systémique de cette infertilité. On donne la possibilité d’avoir un enfant malgré tout.
Une partie de ce documentaire parle de donneuses d’ovocytes qui dans leurs vingtaines se font payer pour donner ces cellules. On leur apprend à stimuler la croissance de leurs ovules, par des injections d’hormones. Parmi ces femmes, il y en a qui ont failli mourir de ces stimulations. Il y avait une jeune femme de 25 ans, qui avait récupéré 45 ovocytes de cette façon-là. C’était incroyable. Par la suite, elle a eu plusieurs accidents cérébraux, et même une hémorragie. Effets indésirables des produits stimulants. On la voit des années plus tard, incapable de faire des enfants elle même, et pourtant, elle en a probablement plusieurs dizaines, qui ont ses gênes quelque part. Quel destin.